Mesdames, ce spot de Zalando vous fait-il «Hurler de plaisir» ? (update)
Les annonceurs ont toujours beaucoup d’imagination pour nous faire rire, nous les femmes. Surtout à nos dépends.
J’avais déjà évoqué sur le blog le 1er opus de la communication de Zalando sur le petit écran. Celui-ci mettait l’accent sur le matérialisme et l’hystérie de la consommatrice à la réception de ses paquets. Force est de constater que le 2ème volet se distingue du 1er : pire.
Un harem d’employées de banques – manifestement des exécutantes et des guichetières - ligotées au sol, sapées en secrétaire SM, sont prises en otage. Niaisesleur seule préoccupation, en dépit de la menace, est des plus futiles : elles badinent et échangent sur leurs vêtements chuchotant même « La robe de Julie…Zalando , génial non ?». Elles semblent alors prendre plaisir à leur situation. Lorsque d’un coup de pied, un des braqueurs les interrompt par un « Sileeeence » avec force gros plan sur ses grosses rangers de mâles façon manœuvres à Mourmelon. Se pointe alors le livreur Zalando venu apporter à ces chères dindes leurs énièmes commandes. Les otages se lèvent alors comme un seul homme dans une scène d’hystérie collective et terrassent les braqueurs sur leur passage. Le film s’achève sur la signature : « Zalando, hurlez de plaisir ». Une signature qui n’est pas sans rappeler celle des 3 Suisses et de leur campagne « Notre point G il est dans la penderie ». Perso, j’aurais plutôt envie de rugir.
Parce que, tout de mêeeeme, on ne peut nier que pour annoncer l’arrivée de vêtements sur son site, Zalando joue une nouvelle fois sur des représentations misogynes.
L'éternel féminin, le retour. La femme est vénale. La femme est matérialiste. L’hystérie est le propre de la femme. Une préoccupation dans la vie : son apparence. Ces représentations patriarcales me débectent. Et imaginer que ces dames atteignent l’orgasme – ce qu’évoque la signature – par le fait de posséder un nouveau vêtement ou une paire de chaussure est petit, tout petit. Des femmes enchaînées, dociles, sous le joug de « machomen », dont le seul sursaut de lucidité n’intervient que lorsqu’il est question de leur apparence. Les choses sérieuses, elles n’en ont cure. Cette condescendance à l’égard des femmes est proprement insupportable. Je m’étonne que peu de voix se soient fait entendre suite à la diffusion du spot.
Zalando, Sixt, même combat.
Sauf à penser que Zalando vise une clientèle de pétasses attardées, à quelle femme ce spot donne-t-il envie d’y acheter ne serait-ce qu’une paire de chaussette? Pas à moi.
Update du 6 avril 2012 :
Depuis ce post, Zalando a commis deux nouveaux spots. Toujours avec le même gimmick de la pondeuse qui hurle à la vue de la livraison de ses godasses. Le dernier opus de la saga "Matérialisme et hystérie" tourne sur le petit écran. La femme, idéaliste mais pas bégueule, renonce aux idéaux baba-bobo-sectaires et cède aux sirènes du consumérisme. Evidemment elle est blonde, bonne, court vêtue et totalement débile. Mesdames, cela vous donne-t-il vraiment envie d'acheter allemand ? Une "Deutsche Misogynie" à la hauteur des dernières pubs print de Sixt, autre marque allemande profondément sexiste (post à venir).