Le féminisme façon « Osez le clito » frise-t-il l'overdose ?
Préambule :
Je m’en suis souvent fait l’écho ici, pour moi le féminisme ne doit pas être QUE le chapelet des horreurs perpétrées à l’encontre des femmes. Cette réalité existe et elle me révolte. Passé cela, doit-on ruminer sans cesse une haine viscérale de l’homme ? La conceptualiser comme l’on fait un siècle en arrière les premières féministes.
Un discours mainstream devenu parole d'Evangile
Dans les media, dans la blogosphère, sur Facebook, la définition du féminisme c’est peu ou prou la ligne définie par Osez le Féminisme et Caroline de Haas et/ou La Barbe. Cette hégémonie médiatique – être la collaboratrice du porte-parole du PS doit sans doute aider – ne me dérange pas en tant que telle. Les idées qui visent à défendre les droits des femmes – c’est là ma définition du « gros mot » qu’est le féminisme – doivent avoir voix au chapitre, toutes entités féministes confondues. Je salue d’ailleurs du relatif mea culpa des media dans l’affaire DSK initié timidement sous leur impulsion. Pour autant, je suis lasse de devoir applaudir à toute initiative du collectif. Lorsqu’on ne pense pas exactement selon la ligne définie par le parti le collectif, on est contre le collectif, qui se dit alors « victime » d’attaques sans fondement. Cherchez le dialogue, vous trouverez un mur.
On n'est pas que des chattes !
Partant du postulat que « en matière de sexualités, l’égalité femmes - hommes reste à construire et [que] l’intimité reste un lieu de pouvoir masculin », Osez le Féminisme a lancé une nouvelle campagne, cette fois-ci destinée à aider les femmes à mieux connaître l’intérieur de leur dedans par le truchement de leur clitoris. Je ne parlerais pas de la forme, pour me concentrer sur le fond (sans mauvais jeu de mot). Osé dans sa forme sans doute, dans le fond j'en doute.
Intitulée « Osez le clito », la campagne explique que le clito est un organe du plaisir « très souvent oublié, considéré comme mineur ou cantonné aux préliminaires », (ça c’est pour dire que tous ces connards de mecs n’ont jamais su le trouver ou alors s’en contrefoutent dès lors qu’ils satisfont LEUR plaisir égoïste). Après le viol, la prostitution, les femmes de chambres et donc re-le viol, le clito. Mais vous savez, le féminisme ça peut aussi se situer ailleurs qu'au niveau de l'entrejambe.
« Construite depuis des millénaires autour du pouvoir des hommes sur les femmes, [notre société] est-elle prête à accepter que ces dernières puissent s'émanciper dans un domaine clé : la sexualité ? »
Mais évidemment, comme souvent avec Osez le Féminisme, une fois évoqué le plaisir à être femme, il faut faire acte de contrition, c’est-à-dire reprendre le schéma classique de pensée du collectif :
- « dénoncer » les violences faites aux femmes : là c’est l’excision (achtung : je ne remets pas en cause l’ignominie qu’elle constitue hein, simplement son utilisation dans l’articulation d’un discours pré-calibré)
- en « remettre une couche » sur ce que la domination des hommes sur les femmes, quelle qu’elle soit, repose sur la sexualité. Hum…on aura beau dire et beau faire, l’homme est pourvu d’un pénis et la femme non.
- « faire de la pédago » façon « idées reçues » avec des chiffres qu’ « on nous cache » et qu’Osez le Féminisme prend le parti hautement stratégique de révéler au grand jour : là c’est la resucée de la théorie du complot.
- expliquer pourquoi le clito « fait peur » : ça c’est pour dire que nous les fâmes nous sommes d’éternelles incomprises et que l’inconnu fait peur. Bla bla bla Faudrait veiller à renouveler vos leviers de com, mesdames.
Par ailleurs, cette revendication, comme le précise le collectif, se pose me semble-t-il en opposition avec une sexualité hétérosexuelle : « Nous voulons affirmer par cette campagne que les sexualités des femmes sont multiples, se vivent indépendamment de la reproduction et ne sont pas forcément complémentaires du sexe masculin ». En gros, les pondeuses et les hétéros, seraient dans l’erreur. Je vais faire hurler, je pose la question : le « vrai » féminisme ne s’adresserait-il qu’aux adeptes du saphisme ? Et quand bien même, qui a dit que les lesbiennes n’avaient pas le droit d’avoir leur sexualité? Elles n’ont pas attendu Osez le Féminisme, et encore heureux, non ?
+ Quand dépasserez-vous la notion de domination masculine ?
+ Quand cesserez-vous de faire du prétendu féminisme dont vous semblez êtres les étendards médiatiques un inventaire victimaire qui appauvrit de manière considérable le discours sur la réussite des femmes ?
+ Quand cesserez-vous d’affirmer l’homme est par nature un prédateur pour la femme ?
+ Quand reconnaîtrez-vous que l’évolution du statut de la femme dans nos sociétés ne pourra se faire qu’avec les hommes ?
Pour conclure, je souhaiterais citer Elisabeth Badinter, qui dans "Fausse route" évoque ce double sentiment de malaise, que je ressens aujourd’hui face à une certaine conception du féminisme. « Reste un double sentiment de malaise. (…) Il n’y a pas une masculinité universelle mais de multiples masculinités, comme il existe de multiples féminités. Les catégories binaires sont dangereuses parce qu’elles effacent la complexité du réel au profit de schémas simplistes et contraignants. Malaise aussi à l’égard de la condamnation en bloc d’un sexe qui ressemble à du sexisme (…) La condamnation collective d’un sexe est une injustice qui relève du sexisme »
A propos du concept de « domination masculine », voici ce qu’écrit la philosophe: « Ce concept attrape-tout, en enfermant hommes et femmes dans deux camps opposés, ferme la porte à tout espoir de comprendre leur influence réciproque et de mesurer leur commune appartenance à l’humanité » Je ne peux qu’adhérer à cette vision. Le Vivre Ensemble, basta.
- La video virale -
Osez le clito n°1 par osezlefeminisme
Bon voilà, ça c'est dit, maintenant je sors la cotte de maille ;-)