Lady Gaga, jugée trop grasse, est-elle devenue la reine des fats?

Interpellée hier sur Twitter par Diane Saint-Réquier sur la dureté de mon jugement de ce que je qualifiais comme une démarche de marketing, en l'occurrence la Body Revolution de Lady Gaga, je m'interroge. A trop se montrer et à trop enjoindre ses fans à faire de même, ne serait-elle pas devenue la reine des fats ? ('tention je pose la question, attendez tout de même le développement)

Je l'ignorais mais la diva, rebaptisée par certaines langues de putes.com "Lady GraGra", aurait pris quelque embonpoint - 11 kilos - et serait depuis plusieurs semaines raillée par Internet et sa horde putassière de scrutateurs du capiton. Des propos sales, violents et intolérants. Quelque chose dans ce goût là. Perso, j'en dis qu'ainsi ficelée dans un collant résille donnant sur un corset string, même la plus svelte des créatures ressemblerait à un rôti.

Voici que, Gaga ébranlée par la vague de haine ainsi soulevée , c'est Stefanie Germanotta qui prend le relais et s'affiche sans fards, en sous-vêtements, façon exhibition agricole, caressez ma bosse monseigneur.Enjoignant ses "little monsters" à prendre le pouvoir sur leur corps, Gaga les invite à l'imiter, photo à l'appui  "Maintenant que la révolution du corps a commencé, soyez courageux et postez une photo de vous qui marquera votre triomphe sur le manque de confiance en soi".

"Pour engendrer de la putain de compassion", "Boulimie et anorexie depuis mes 15 ans " ou " Pour inspirer le courage", des clichés d'une Gaga plus mince que ceux publiés sur la toile

La fête du slip ? Non, une introspection-confession de l'artiste évoquant ses désordres alimentaires depuis l'enfance. Comme souvent, Lady Gaga partage tout avec ses admirateurs. Une démarche totale. Si pantagruélique qu'elle alimente d'ailleurs sans doute la dynamique malsaine dont aujourd'hui la diva fait les frais, ou qu'elle exploite, c'est selon.

Touchant ? Sans doute. Cathartique? On dirait. Salutaire ? Peut-être. Utile ? Je ne sais pas. Gaga se dit ronde et affiche ses névroses et ses rondeurs sur ces clichés - dans lesquels elle apparâit tout de même plus affutée et mince que sur celles qui ont égrainé le web précédemment - ces clichés donc qu'elle semble cracher à la face du monde en guise de manifeste pour la liberté du corps. «À toutes les filles qui se trouvent laides parce qu’elles ne font pas une taille 34, vous êtes magnifiques. C’est la société qui est moche ». J'aurais aimé quand j'avais 15 ans qu'une artiste porte ce discours. 

Sauf que cette Gaga-là n'a rien d'obèse ni de disgracieux ! Mais de what the fucking fuck rondeur supposée parle-t-on ? Quel effet sur un(e) adolescent(e) dont les critères de minceur sont déjà biaisés? Ca c'est être gros ?! Vous objecterez qu'il ne faut sans doute pas être gros soi-même pour être crédible dans une telle démarche.

Et puis, il reste que sur le site de Lady Gaga, ces photos, dont certaines sont bluffantes et donnent une certaine résonnance à la démarche, côtoient des encarts de réclame pour des t-shirts "exclusifs" renouvelés chaque jour, des places de concert, des ouvrages etc.  Mais je dois être bien méchante, il est vrai, de penser que la démarche de Lady Gaga n'est pas totalement dénuée d'un certain bon sens commerçant. Sa "Body Revolution" intervenant comme par hasard lors du lancement de son parfum...

Pour celle qui, rappelons-le, s'est faite remarquer lorsque, lassée de n'être point écoutée par le public des bars, avait fini par arriver sur scène en tenue d'Eve, pratique la provocation comme une perpétuelle performance, cette "monstration" est partie intégrante du personnage qu'elle s'est forgé. Son corps, nu, vêtu de viande, maculé de sang, meilleur vecteur d'image pour Lady Gaga. Un corps-objet.

Pour qui prendrait cela au premier degré, gageons qu'elle aura gagné son pari, un peu plus de tolérance. A suivre !