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Anaïs' Misfits
21 septembre 2011

Constat post-affaire DSK : tribune pour le féminisme ou guet-apens médiatique ?

On l'avait tellement attendu le retour de DSK sur la scène politique française qu'on aurait tous bien voulu zapper les casseroles qu'il avait aux basques. On aurait voulu voir en Dominique Strauss-Kahn le candidat idéal et l'homme providentiel, annonciateur d'une victoire prochaine.

On aurait voulu faire de Nafissatou Diallo la victime idiomatique des violences  faites aux femmes partout dans le monde.

CE

Mais la partition était dissonante. La distribution des rôles mal avisée. Le dénouement déceptif et révoltant.

On aurait bien voulu le choper ce sale type qui trompe a vau l'eau sa femme, bijou télévisuel, qui plus est avec son consentement, tend des pièges à d'innocentes jeunes auteures, se tape des subalternes bien dociles, attrape les petites soubrettes dans des hôtels, le tout dans des suites à plusieurs smic la nuitée, tout en s'affirmant de gauche la main sur le coeur.  On l'aurait bien pendu par l'entrejambe cet "ami des femmes" ou cet "amant passionné" dont on a entendu parlé.

On aurait tellement voulu qu'elle parvienne à porter l'estocade suprême cette chère femme de chambre, exilée, venue conquérir une nouvelle vie aux Etats-Unis, mère de famille digne et besogneuse. On aurait tellement voulu faire de son combat celui, bien légitime, de toutes les femmes brisées par l'épreuve d'un viol.  Pour ce qu'elle revêtait de symbolique de la cause des femmes, sa victoire, on l'avait déjà rêvée triomphante et incontestée. Une tribune pour le féminisme.

labarbe

Nafissatou Diallo et Dominique Strauss-Kahn ont, pour les besoins de leur défense respective, cristallisé les projections voire les fantasmes des lobbyistes des deux bords.

Le retour de la morale?

Pour être éligible, un homme politique se doit d'être un modèle sur le plan moral. Etre bon gestionnaire ne suffirait donc pas à exercer de la fonction présidentielle  au mépris d'une certaine déontologie de l'homme politique.  Mais depuis quand les maris volages et les salopards sont-ils cloués au pilori?

Pour être reconnue victime ou simplement voir sa plainte être considérée comme légitime, une femme doit manifestement faire montre d'une vertu sans faille. Sans quoi, quand bien-même on la considèrerait comme laide, elle l'aura bien cherché.  Pis, si elle a menti, elle peut mentir sur tout.  

Oui, Dominique Strauss-Kahn demeure l'archétype de l'homme blanc, riche, puissant, pour lequel une meuf se consomme sans conditions.  Après son Grand Guignol façon messages clés sur TF1, le retour en France du banquier mondial déchu a résolument un goût amer.  

Cependant, s'obstiner à vouloir maintenir et réhabiliter l'image dont on aurait voulu qu'ils interprètent respectivement la plus parfaite partition tient de l'instrumentalisation.

Non, à cet égard, Nafissatou Diallo ne pouvait et n'aurait pas dû être l'incarnation de toutes les femmes victimes de violences. Même pour dénoncer, même dans l'objectif louable de "faire évoluer les choses", plaquer une grille de lecture sur un cas particulier pour le généraliser a de facto desservi la cause des femmes.  Sauf à servir une œuvre de récupération (rappelons qu'Osez le Féminisme roule pour Aubry), l'affaire DSK n'est pas en tant que telle une tribune pour les droits des femmes.

J'ai salué le mérite qu'ont eu les féministes de dénoncer les débordements verbaux collatéraux à l'affaire. Pour autant, lorsque je lis que certaines féministes déplorent le fait que la dite "affaire DSK" n'a servi à rien, j'ai envie de leur répondre, mais aurait-elle dû "servir" à quelque chose ?  Devait-on, avant même le rendu du jugement, en tirer des leçons ? Si oui lesquelles ? Sous leur impulsion, le semi-échec de Nafissatou est devenu celui de la cause de toutes les femmes. Sa chute à elle, c'est la chute de milliers de femmes qu'on ne croira plus. Elle entraîne avec elle et malgré elle la cohorte de féministes liées à sa cause.

Non, vraiment, ne nous trompons pas de combat. Nous ne sommes pas toutes des femmes de chambre

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