Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Anaïs' Misfits
21 février 2011

La Callas et moi on t’emmerde (ad. lib.)

0724356298354Lundi matin. Le voisin du dessus a monté son meuble Ikea pendant 36h, achevant sa course hier soir à 1h du matin, après que mon cher et tendre lui a signalé qu’il était précisément 1h du matin sa mère et qu’éventuellement il serait salutaire de stopper tout bruit inopiné.

RER A, je trouve une place assise, je suis bonheur. Entre l’édition de poche du dernier Badinter et La Traviata interprétée magistralement par la grande, la seule, l’unique Maria Callas, je dresse un mur entre moi et les veaux qui, par manque de finances sans doute, n’ont pu gagner les prairies enneigées de Courch’et rejoindre leurs congénères plus richement dotés.

Maria attaquait «  E Strano!!.... Ah, Fors' È Lui ... Sempre Libera » lorsqu’un vigoureux coup de coude vint m’arracher à cette symphonie des anges.

Mon regard tombe sur Marie-Chantal, fond de teint orange, boucles d’oreilles clip dorées et sac à main verni mais surtout vert pistache. Visiblement agacée car dérangée dans sa lecture pieuse et inspirée, de quelque obscur ouvrage dont seul France Loisirs a le don de vous obliger à en acheter un. J’ôte mon écouteur.

« Pouvez baisser ?!».

Tout de go ce qui m’est venu à l’esprit c’est « Toi et ton sac à main je vous conchie. Me dis pas que c’est la Callas qui t’empêche de lire ton bouquin Harlequin de chez France Loisirs que t’es obligée de lire cause t’as un abonnement obligatoire, connasse. Et puis déjà, bonjour ».

Ce qui je lui ai répondu « Chère madame, sauf erreur de ma part, nous ne sommes pas dans une bibliothèque et oui je vais baisser. Regardez hop hop hop, ouala. La prochaine fois, prenez un taxi pour aller travailler ».

L’autre « - J’vous ai demandé gentiment, on n’est pas obligé de subir votre musique ».

Moi. Sourire méprisant, on n’est pas tous en droit d’avoir bon goût. La Callas et moi on t’emmerde. Subir La Callas, charmant oxymore. Tu es poète Marie-Chantal, le sais-tu seulement ?

Malgré une envie des plus amorales voire meurtières, j’ai opté pour une ostensible indifférence et me suis évadée dans les nuées des envolées lyriques de La Callas. Marie-Chantal, elle, a refermé son annuaire bouquin aussi sec, après m’avoir bien cassé les pieds. J’en suis désormais certaine, je l’ai profondément heurtée dans sa lecture du dernier Guillaume Musso ou de l’antépénultième Marc Lévy (lesquels, on s’en fout)

Abandonnant sa place assise, Marie-Chantal me quitta, à ma grande satisfaction, à la station Auber, soupirant tel un bovin par temps de neige (peut-être rêvait-elle elle aussi de prendre part à la transhumance).

La Callas et moi on t’emmerde (bis)

La Callas et moi on t’emmerde (ad. lib.)

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Merci à vous ! Je suis ravie de voir que je ne suis pas la seule à m'amuser de ces grises mines bovines. D'autres articles à lire dans la même rubrique "Anti-métro", c'est par là : http://anaismisfits.canalblog.com/archives/anti_metro/index.html Bises à vous deux ! Anaïs
M
Je me suis bien marrée en lisant ce post.<br /> J'adore la façon dont tu le raconte !<br /> Merci pour m'avoir fait rire, j'en avais besoin en plus ;)
A
J'adore ce genre de situation que tu commentes en plus, avec un style caustique, mais jamais vulgaire, qui plus est tout en finesse, pour rendre compte, de ces situations tellement quotidiennes que l'on a tous rencontré un jour. <br /> C la déglingue de Luchini revisité :-)))) j'adore
Derniers commentaires
Publicité
Publicité