Celui qui mange une salade de fruits
La Défense, 20h, RER A. Pour une fois, on pourrait presque y respirer sans trop de mal.
Debout, adossé au strapontin, un bon mètre quatre-vingt dix, mon héros avait, il faut le dire, le centre de gravité bien haut. Toujours est-il qu’il dégaine une fourchette, puis un bol en plastique operculé. Opercule qu’il dégrafe avec fougue à mesure que le train valdingue de gauche à droite, puis de droite à gauche, entraînant dans sa course folle une fourchette qui ne parvient décidément pas à trouver le chemin vers la bouche grande ouverte de notre héros. Bouche dont sort par à-coups une langue, happant au vol le moindre petit dé de melon. Schprrrouooom. Le train freine sec. Pierre Richard est projeté en avant, tête la première, et avec lui s’envole la farandole exotique de petits cubes colorés. Regard circulaire furtif. Même pas mal.