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Anaïs' Misfits
4 décembre 2009

Faut-il réouvrir les maisons closes ?

Le débat émerge ces derniers jours dans les media, notamment sous l’impulsion bien pensante de ma chère Madame Bou[bou]tin qui déclare n’être pas réfractaire à l’idée. « Après tout, s'il s'agit de mieux suivre les prostituées sur le plan sanitaire et de mieux les protéger au niveau de la sécurité, pourquoi pas ? Cela ne me choque pas » et « Je m'interroge beaucoup sur la façon dont on traite les femmes et aussi sur l'état sanitaire d'un certain nombre de pratiques »

Les nettoyer au Kärcher aussi, non ?

Toulouse_LautrecLors de leur « officialisation » en 1804, un arrêté préfectoral prévoyait que les « pensionnaires » de ces établissements, alors appelés pudiquement « maisons de tolérance » soient examinées par un médecin deux fois par an. A 70 passes par jour à l'époque, on imagine l’importance de ces contrôles.

En 2009, les « travailleuses du sexe » défilent dans la rue – se mobilisant contre la loi sur la sécurité intérieure punissant le racolage passif -  revendiquent leur choix de vie et s’acquittent fièrement de leurs impôts sur un revenu dont l’Etat, hypocrite, semble considérer qu’il n’a pas d’odeur. Qu’est-ce qui, de manière mécanique, empêcherait à une prostituée d’exercer une profession libérale ? Qu’est-ce qui l’empêcherait de devenir salariée d’une société de « services ». Après tout, les sociétés de conseil vendent bien à leurs clients le temps de leurs consultants, de manière forfaitaire ou ponctuelle. Mais, pour quelques unes qui assument, combien de femmes survivent honteusement, déracinées, sans papier, exploitées au plus profond dans leur misère.

En1946 est prononcée la fermeture de ces institutions de première et seconde classe, où les syphilitiques du [bas] ventre mou de la France, les bourgeois et tout le ghotta de toute l'Europe (intellectuel, arty et politique) se bousculaient avant guerre. En 1945 la France ne comptait pas moins de1 500 établissements, très accueillants par ailleurs avec l’Occupant. En 1989, la chute du mur sonne l’afflux de jeunes femmes d’Europe de l’Est. Interdites, les maisons closes n’ont pas pour autant éradiqué la prostitution.

Rétablir les bordels laisse à penser que l’exploitation de la prostitution d’autrui est un service au même titre qu’un autre. Les prostituées seraient-elles plus à l’abri car davantage « surveillées » par les autorités ? Ou bien s’agirait-il de matérialiser leur tutelle vis-à-vis de d’autrui, autrement dit de leur proxénète ? Sans même parler du message donné à nous autres, humbles incarnations du sexe faible. Du type « Aidons ces messieurs à se soulager ». De mon point de vue, le dispositif ramènerait la femme à ce à quoi on l’a cantonnée : un faire-valoir tout juste bon à écarter les cuisses pour assurer la descendance de monsieur. Et de quoi ramer après pour expliquer que 30% de différence de salaires à compétences égales, ce n’est juste pas entendable. Que non, personne n’est l’« atout charme » d’une entreprise. Que nous ne sommes pas les préposées au café. Etc etc etc

Aux nostalgiques d’une certaine idée du « gai Paris », célébré par Lautrec ou encore Degas, je dirais qu’en

1949, l

'ONU a adopté une convention internationale pour la « répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui ». Son article 6 interdit théoriquement toute légalisation de la prostitution…

L'Infoman de l'Info alias Cyril Eldin est allé poser la question aux parlementaires.

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