Rihanna, fracassante interview confession sur Abc

J’ai choisi de saluer la performance médiatique d’une artiste que pourtant je n’apprécie que de [très] loin, mais dont la démarche m’a émue. Ce vendredi matin, Good Morning America a diffusé une interview confession de la chanteuse Rihanna, d’une rare sincérité concernant sa relation pour le moins fracassante avec le chanteur Chris Brown.

On y découvre une Rihanna à fleur de peau, mais qui d’emblée annonce la couleur, le regard fixe, le sourcil haut et la moue rageuse, « I am strong ! This happened to me. And it can happen to anybody »[1]. On parle souvent du sentiment de culpabilité qui émane des femmes victimes de violences. La chanteuse l’exprime à sa manière. Abordant en ces termes ce qu’elle a vécu comme une humiliation publique : « I didn’t want people to think that’s the kind of person I fall in love with. It is embarrassing [2]». Profondément « ashamed » de l’image également qu’elle déplore avoir donné à des millions de jeunes femmes en pardonnant à Chris Brown.

Lorsque la journaliste évoque les difficultés des femmes battues à quitter leur bourreau, renonçant à plusieurs reprises avant d’aller au bout de leurs démarches, Rihanna opine « 8 or 9 [times] actually ».

Et pour conclure, elle exhorte les femmes victimes de violences domestiques à ne pas céder. « When I realized that my selfish decision for love could result into some young girl getting killed I could not be easy with that part (…) It was a wake of call for me[3] » Une déclaration qui n’est pas anodine et face à laquelle ses grands yeux bleus s’embrument et sa voix se tinte de tremolos entrecoupés de silences.

Rappelons qu’en France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son mari…

[1] Mais je suis forte ! Et cela m’est arrivé. Ca peut arriver à tout le monde [2] Je ne voulais pas que les gens pensent qu’il était le genre de personne dont je tombe amoureuse. C’est embarrassant [3] Lorsque j’ai réalisé que ma décision personnelle pouvait avoir un impact sur une jeune fille qui pouvait se faire tuer, je n'ai pas pu assumer ce rôle. (…) Cela a été une vraie prise de conscience pour moi »

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