Quand Glamour US fête voluptueusement ses 70 ans, les internautes français se tapent l'affiche

….Aux Etats-Unis

Dans la série « battons-nous contre des moulins à vent », saluons l’initiative de l’édition américaine de Glamour, qui pour fêter voluptueusement son 70^ème anniversaire a eu la très ingénieuse et commerciale idée de publier quelques clichés de Lizzie Miller, 20 ans, 1m80, 78 kg, taille 44-46.

La résultante de cela : un raz-de-marée médiatique, des éloges à foison et de belles perspectives de carrière pour la belle blonde. De vous à moi, le tour de passe-passe du magazine n’est pas aussi courageux qu’on voudrait nous le faire croire. Ancienne obèse et bien qu’allégée d’une trentaine de kilos nous dit-on, Lizzie Miller n’a certes pas tout perdu de ses rondeurs adolescentes, mais est très loin d’incarner l’obésité morbide.

Il est effectivement « suspect » de voir fleurir des jeunes femmes qui n’ont ni 14 ans, ni la faculté de ne s’alimenter que de yaourts 0% (ou barquettes de cubes d’ananas, cf. « les minettes de l’event »), ni l’allure frêle et féline dont on nous dit que c’est cela être femme. Rapport à un précédent post sur le top Crystal Renn, c’est tout simplement la crise. Le consommateur veut se rassurer avec des images positives. « Out ! » les icônes de la privation sur fond gris, avec un regard de déporté des camps de la mort. Bref, on vend plus de papier, on fait monter le prix des espaces publicitaires, ce qui, dans un secteur de la presse écrite moribond, permet de faire quelques réserves dans la trésorerie.

Car en France…

Je lis un papier de next.liberation.fr rapportant ce même « coup media » made in USA. Et plus bas les commentaires des internautes. Et là, comment dire…. « gros » malaise. Aussi je ne résiste pas à reproduire ici le charmant pot-pourri d’immondices bien « made in France » qu’ont pu déverser sur la pauvre Lizzie un nombre effarant de pauvres types et de mal baisées (pardon maman mais là suis zénervée), qui ont, je tiens à le souligner, le courage de rester anonymes :

Visiteur : « Un ventre qui pendouille, c'est jamais photogénique, et des grosses cuisses, non plus. Si des hommes la trouve à leur goût, tant mieux pour elle et pour eux, mais franchement, c'est une tempête dans un verre d'eau »

HlFx : « Elle aurait 40 ans et des enfants, je dirais que c'est une femme attirante. Mais elle n'a que 20 ans... Elle a le physique d'une jeune femme qui se laisse aller, même si elle a perdu 30 kg. Bref, 40 ans, je prends, 20 ans, je passe mon tour... Il y a tellement de belles nanas de 20 ans ».

Zelda : « Je ne la trouve pas franchement jolie. Son ventre est ignoble. Et elle semble faire plus que les 20 ans annoncés par l'article. Pour finir je ne la trouve pas très glamour. »

Bob : « en effet des cuisses de mastodonte et le ventre qui pend à 20 ans, ça ne doit pas devenir un critère de beauté. On est très loin de la moyenne des femmes de 20 ans, à part peut être dans une banlieue ouvrière du Nord. Aucune femme ne trouverait attirant un jeune homme de 20 ans avec des cuisse de poulet et un ventre poilu qui pendouille, cessons l'hypocrisie. »

Dusaule : « Par ces temps où l'écologie a la côte, les grosses sont bien venues : un verre d'eau dans une baignoire suffit »

Si je décrypte les savants messages lus de ci de là, on craint maintenant que la presse ne fasse du  prosélytisme pour les gros. On en est quand même très loin. D’ailleurs, l’ARP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité) vient de publier l’intégralité du bilan 2008 Publicité et Image de la personne humaine et note que la tendance du porno chic mollit sérieusement depuis janvier. Par contre, toujours autant de publicités sexistes et normatives…L’association de relever un « retour aux basiques du sexisme (femmes objets sexuels, hommes à femmes, allusions et représentations graveleuses…). Quelques cas préoccupants d’atteinte à la dignité de personnages en raison de leur physique (disgracieux, surpoids) ou de leur âge ont également été relevés. »

Sans blague.